Marc-Ismael Tremblay : L’oiseau de l’espoir

L’oiseau de l’espoir

L’espoir de ce monde est comme un oiseau déplumé au centre d’une tornade sans accalmie, une colombe dénudée de son roseau de paix face au vent de l’inquiétude.

Pris dans un orage violent, cet oiseau épuisé tourbillonne dans une spirale descendante au présage funeste.

Voué à un atterrissage brusque, peut-être sans lendemain, son regard apeuré pointe la falaise vers son nid d’origine, mais ses ailes vacillent de faiblesse, encore quelques battements avant la fin du monde.

Pourtant, derrière le voile trompeur de cette noirceur s’élève un soleil de splendeur, une lumière porteuse d’une résurrection humanitaire. Jamais nous ne fûmes si proches de cette révélation de notre merveilleuse destinée.

Malgré les cris alarmants des oiseaux de malheur, les plaintes stridentes de leurs peurs, un chant d’allégresse résonne au-delà des clameurs lancinantes. Un hymne des plus exaltants anime l’atmosphère terrestre.

À travers l’ombre projetée des vautours affamés de la chair sanglante de la destruction, une luminescence subtile transperce avec éclat l’épaisseur tangible des ténèbres.

Silencieux, dans la gloire de sa victoire, l’amour se déverse généreusement en une pluie de réconfort. Sa tendresse rédemptrice plane sous les ailes affaiblies des corbeaux résignés à la souffrante agonie d’une nature abusée.

Dans l’espace enchanté de ce futur, s’envolent, en pleine puissance, les oiseaux du paradis, ces messagers d’une terre nouvelle viennent établir leurs nids dans la vallée de nos cœurs.

Du Nord au Sud dans toutes les directions, des cigognes transportent avec soin des oisillons au plumage de feu. Des enfants allumés de leur mémoire divine sont déposés sur les cheminées des maisons remplies de prières.

Partout dans tous les recoins de la vie, le signal tant attendu du nouveau jour s’élève.

Des hiboux au milieu de la nuit transforment la pupille de leurs yeux pour accueillir la lumière du Midi. Des aigles flamboyants épris de hauteur céleste voltigent vaillamment vers ce soleil naissant. Même les plus humbles des moineaux reçoivent cet appel triomphant.

D’un pays à l’autre, cette migration vers l’esprit de l’unité se propage d’une manière irrévocable. Aucun désert, aucune chaîne de montagnes ne fait obstacle à cette envolée. Des millions d’oiseaux aux couleurs somptueuses migrent dans les profondeurs de leur âme, puisant le courage de traverser la frontière de l’oubli, de franchir l’illusion de la séparation.

Partout, des chants de béatitude résonnent dans les forêts, chaque arbre se redresse de gaieté, accueillant ces envoyés ailés aux mélodies célestes, toute la nature s’accorde à cette performance harmonieuse.

En aucun temps, les vents ne furent aussi favorables pour s’envoler vers les cimes enchanteresses de notre destinée triomphante. Comment ne pas s’exalter devant tant de promesses, comment ne pas déployer ses ailes face à ce vortex d’énergie libératrice.

Tout est propice à notre envol, au fil de nos douleurs, tout au long de nos efforts, le duvet de notre apprentissage s’est transformé en des plumes puissantes prêtes à défier tous les cyclones de l’ignorance.

Le temps a fait son œuvre pour aiguiser nos serres afin d’être en mesure de saisir cet instant magique, ce moment de notre histoire ou notre planète prendra sa place réelle dans la Voie lactée. Cette petite terre bleue si minuscule dans l’univers est un joyau inestimable. Dans l’ordre de ce grand corps cosmique, chaque partie possède une essence précieuse et irremplaçable.

De grands marabouts intellectuels s’amusent à nous remémorer les nombreuses galaxies disparues, les espèces décimées, à nous rappeler les nombreuses prédictions désastreuses, les prophéties apocalyptiques en oubliant de citer les oiseaux de bon augure.

L’utopie va au-delà du rêve puéril de l’innocence, du vœu pieux d’une vieille chouette ou d’une colonie de manchots sur une banquise entrain de fondre. L’utopie est l’ultime création divine, le dessein évolutif de la conscience, ou rien ne se perd et tout se transforme en une spirale ascendante éternelle vers l’absolu.

Nous venons à peine de casser notre coquille avec l’égo de notre bec. Sans répit, nous piaulons notre subsistance, affamés de cupidité, enclins à nous quereller, avec l’impression d’être trop tassés dans le berceau terrestre. Pas encore assez grand pour quitter le nid vers le ciel de notre liberté. Depuis notre éclosion, nos parents célestes n’ont pas cessé de nous nourrir de leur propre énergie afin de parfaire nos ailes et devenir des oiseaux de l’infini.

Aucun coucou venu d’une autre planète ne viendra prendre notre place. C’est notre engagement planétaire et divin de prendre la responsabilité de mûrir, d’embellir notre plumage, de faire le saut quantique dans le vide, de quitter le nid et tester la force de nos ailes. L’espace est si immense qu’il est impossible de heurter un obstacle fatal avant d’avoir appris à voler.

Tout apprentissage possède une part de défi à la grandeur de notre devenir. Nous devons avoir l’humilité de croire que c’est possible et non pas l’orgueil de croire que c’est impossible.

La terre nous couve depuis des millions d’années avec toute la ferveur d’une mère amoureuse et nourricière. Soyons fiers d’être ses enfants en prenant notre élan vers un royaume où les oiseaux sont d’une blancheur diaphane.

Remuons nos ailes, risquons de petites envolées, déjouons la crainte des hauteurs, planons juste quelques secondes, pour qu’aussitôt apparaissent des paysages incroyables. Tant de beauté nous attend, prions le vent de nous emporter, vers la cime de notre découverte.

Avec ardeur, secouons nos peurs, nous sommes les aventuriers du cosmos, les grands cygnes immaculés de l’espace, rien ne surpasse notre envergure, nous touchons les deux rives de l’horizon, l’unité de notre regard contient l’incommensurable.

Solidaires et non solitaires, nous migrons tous ensemble vers la terre promise. Du colibri au condor chacun possède ce que l’autre a besoin pour accomplir cette ultime migration, nous sommes liés en un seul corps multicolore, au plumage unique et à la fois semblable. La diversité est notre force et l’unité notre puissance. Le vent est complice de nos ailes, notre souffle est un.

Dansons notre cœur aux bras de notre âme et nous serons les enfants de l’extase, les oiseaux du paradis.

Tous, nous ressentons cette étrange pulsion de briser les frontières de nos limites, d’atteindre le firmament de l’inconnu.

Au-delà de nos corps visibles, à l’intérieur de nos profondeurs, vit un oiseau invisible, une âme tangible prête à répondre à l’appel de sa destinée fabuleuse, le temps de notre héritage divin est arrivé.

À l’aube de ce nouveau jour, deux chantres ailés, nous offrent sous la rosée du matin, un chant d’encouragement vibrant de certitude

 N’oublie pas

Peu importe le défi
Les difficultés du moment
Jamais, dans tout l’univers
On doute de ta force.
Seule, la peur de ta vérité
Empêche l’éclosion de ta puissance
Pour rendre poussière, le moindre obstacle
À l’essor merveilleux de ta réalisation.

Tu es de Dieu, de son amour, de sa grandeur
Tu te crois petit en te croyant autre que ce que tu es.
Oublie le mensonge de tes limites
Réponds à l’élan ultime de ta liberté,
Au rêve sublime de t’unir à cette présence éternelle
Et d’être simplement de lumière.

 

Peu importe les doutes
Les craintes de tous les instants
Au fond de ta nature immortelle
Tu peux puiser l’essence de ton pouvoir
L’énergie de ta libération.

Chaque écueil même le plus cruel
Est complice à l’élaboration de ta nature Divine.

Tu bâtis le courage de ta foi
Dans l’acceptation de ta sagesse
Blottie au centre de ton être.

Tu as la force de ton épreuve
Le feu de ta renaissance
La vivacité de ton audace.
Dans la victoire de ta réussite
Accueille ton legs divin
Garde cette vision céleste de ton appartenance.

Au-delà de l’humain en toi
De l’illusion du corps et du fléau de la mort
Tu es de l’absolu
Par ton abandon à celui-ci.

Tu es le fruit de l’amour
La substance de son extase.
Tu es la fleur de l’ineffable
Le parfum de sa grâce.
Tu es l’enjeu de la création
Le miroir des Dieux.

Laissons le vent de l’amour soulever les ailes de notre cœur
Pour s’envoler avec la terre au ciel de son couronnement.
Je nous souhaite une douce migration….
Marc-Ismaël